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Huaca - Invocando la memoria de una ciudad.

Date

2024

Description

Sculpture
Feuilles de tabac, structure en acier, broderies, photocopies déchirées et collées.
Dimensions: 180cm x 150cm ou 210cm x 150cm

Se cayó el vestido

Dans les langues Quechua de l'Amérique du Sud, une huaca est un objet qui représente quelque chose de sacré, généralement un monument, mais le terme peut aussi désigner des sites naturels, tels que des sources, des montagnes, ou encore des divinités ou des symbôles reliées au culte des ancêtres (les momies aussi étaient des huacas). Ici je cherche à invoquer la mémoire de Potosi par la création d’une Huaca.
Ma Huaca rappelle non seulement la forme de la montagne qui a enrichi l’Europe occidentale pendant le XVIè et XVIIIè siècle via le pillage de ses minerais, mais aussi, les vertugadins, crinolines portées par les femmes de la haute société espagnole pendant la période de la colonisation en Amérique Latine. Lorsque les espagnols arrivent en Amérique ils imposent non seulement une religion mais aussi des manières de s’habiller et de se comporter aux peuples colonisés. Les sociétés sont strictement divisées en deux genres : masculin et féminin. Chacun de ses genres doit rigoureusement respecter les rôles et comportements qui lui sont attribués de force. Il faut ajouter à cela que pour la première fois dans l’histoire du monde, la notion de race va hiérarchiser les populations afin de les diviser et de les discriminer. Les structures de pouvoir créées et imposées il y a des siècles sont encore présentes dans nos corps et dans nos sociétés. Ce sont les femmes et les dissidences sexuelles qui en souffrent le plus. Le Vertugadin rappelle non seulement la montagne du CERRO RICO, mais aussi une structure de pouvoir pyramidale bien ancrée dans nos sociétés actuelles, ou pillage des ressources, féminicides, racisme, patriarcat, sont encore bien présent en Amérique Latine. Le Vertugadin renvoie à l’apparition des structures vestimentaires, surtout féminines, censées contrôler les corps, les genres et les classes sociales, au même moment que les terres de l’Amérique Latine sont colonisées, pillées et leurs populations mises en esclavage.
L’argent extrait à Potosi a ouvert la voie au capitalisme global : les villes où l’argent de POTOSI a circulé sont brodées sur des feuilles de Tabac. Depuis le début de l’exploitation des mines d’argent, les mineurs fumaient du tabac pour se donner de l’énergie pendant leur travail ou pour s’évader pendant leurs pauses. Ils le font encore aujourd’hui au péril de leur santé. Le tabac est aussi une ressource naturelle chargée d’histoire coloniale. Les feuilles sont présentées sous leur format brut : La Bolivie n’ayant pas de secteur industriel développé, c’est surtout un pays exportateur de matière première.
Longtemps, la présence féminine dans les mines d’argent a été interdite. Aujourd’hui des veuves dans le besoin sont contraintes d’aller travailler dans les mines : leur présence est tolérée mais elles s’exposent à des violences sexistes et sexuelles en permanence. Travailler dans les mines de POTOSI c’est prendre le risque de mourir très vite, les conditions de travail sont très dangereuses : les travailleuses sont vite remplacées par d’autres, comme des pions.
J’ai photographié 10 femmes minières à POTOSI. J’ai photocopié leurs portraits et je les ai collés sur les feuilles de tabac : on les distinct à peine. Des extraits de fiches de paye sont aussi déchirés et collés sur les feuilles de tabac : s’ajoute ainsi une autre manière de parler de l’Argent.

© Lucía Neri

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