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Caminando por el jardín de Domitila, se oyen las voces de la montaña.

(En se promenant dans le jardin de Domitila, on entend les voix de la montagne.) «Entonces yo llegué a la conclusión de que mi madre se murió porque era mujer … Y me puse a llorar diciendo: ¿Para qué habré nacido yo mujer? Igual que la mamá vamos a morir.» («J'ai alors conclu que ma mère était morte parce qu'elle était une femme... Et j'ai commencé à pleurer en disant : "Pourquoi suis-je née femme ? Tout comme ma mère, nous allons mourir.») Domitila Chungara, extrait du livre Una vida en lucha, 2017. Domitila Barrios de Chungara, fut une femme minière bolivienne et figure éminente du féminisme bolivien. Issue d’une famille modeste, elle a donné de nombreux témoignages sur les souffrances subies par les mineurs de son pays. L’exposition raconte la mémoire des territoires en Bolivie et se centre autour de deux pièces maîtresses : des montagnes soeurs, installées au coeur de deux espaces de la galerie. Ces sculptures monumentales, réalisées à partir de matériaux naturels, recyclés ou écologiques, invoquent la mémoire du Cerro Rico à Potosi et Huancavelica : deux montagnes essentielles à l’enrichissement de l’occident. Elles racontent l’histoire de l’extractivisme, des anciennes pratiques coloniales à la quête contemporaine de ressources pour nourrir les technologies modernes. La montagne, d’abord divinité féminine, devient la Vierge Marie (épisode raconté dans la célèbre peinture La Virgen del Cerro 1740, auteur inconnu, peinture redécouverte au XXè siècle), portant sur son voile l’histoire imposée par la colonisation. Ces récits ont forgé des structures de pouvoir qui habitent encore nos imaginaires et nos corps. Le voile de la Vierge, comme un territoire, porte la mémoire des terres, imprimée dans la matière des corps et des paysages. La féminité est omniprésente : dans l’adoration de la Vierge, dans la montagne perçue comme divinité féminine, dans les voiles et jupes qui les habillent toutes les deux. Pourtant, ce sont les femmes qui sont les premières victimes de féminicides, notamment lors des périodes de forte exploitation extractiviste. De nos jours, l’extractivisme façonne encore le monde. L’extraction de minerais ne s’est pas arrêtée avec l’ère coloniale : elle s’est transformée. L’intelligence artificielle, les voitures électriques, les panneaux solaires et les nouvelles technologies dépendent de ces ressources, intensifiant leur recherche dans les anciens pays colonisés d’Amérique Latine. Dans ses sculptures, Lucia Neri raconte cette histoire contemporaine en croisant matériaux écologiques et éléments industriels – métal, plastique – questionnant ainsi l’écologie en train de se construire aujourd’hui.

© Lucía Neri

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